1985 : SOUVENIRS D’UN AMI QUI M‘A FAIT DU MAL

1985 : SOUVENIRS D’UN AMI QUI M‘A FAIT DU MAL

Nous sommes un soir du printemps 1985.
Cela fait bientôt 5 ans que je suis putain.
On pourrait croire que ma vie est une farandole échevelée de moments tous plus fous les uns que les autres. Mais non, car si je fais abstraction de l’aspect sexuel où la répétition des rapports engendre tout de même une certaine variété, mon existence est tout sauf libre, distrayante ou improvisée.
Elle est même réglée comme une horloge avec des cadences presque militaires, des horaires monastiques, des obligations quotidiennes et la ritournelle de journées qui toutes, se ressemblent presque à l’identique.
Depuis que Vincent, mon premier mac, m’a trainée dans tout Paris, de back rooms en partouzes pour m’accoutumer à la pluralité dans le tournis des sexes en érection, l’enchaînement vertigineux des coïts dévastateurs et l’ivresse des éjaculations, depuis qu’il m’a féminisée pour effacer ma personnalité masculine et m’a fait faire, avec succès, mes premières passes, le temps m’échappe comme si ma vie ne m’appartenait plus.
Tout cela a véritablement commencé et chaviré quand, des mois et des mois durant, Vincent m’a séquestrée, avec je dois bien le reconnaître, mon assentiment tacite, dans ce trois pièces sur cour, vieillot, sombre et exigu de l’Avenue Victor Hugo, dont il avait fait son petit bordel clandestin et où, en compagnie de ma consœur Mirella, à la fois pute soumise comme moi et sous-maquerelle chargée par Vincent de parfaire mon dressage et de me tenir à l’œil, je me suis livrée avec candeur et innocence mais toujours contre rémunération, à longueur de jours, de nuits, de semaines et de mois à l’appétit charnel et aux fantaisies érotiques des messieurs bien mis du quartier.
Puis tout a continué quand Vincent est brutalement sorti de ma vie (et devrais-je dire, quand il est sorti de la vie tout court) et que peu après, je suis tombée sous la coupe de mon deuxième mac, Monsieur Jeannot et que mes jours et mes nuits sont devenus plus inconfortables encore mais toujours aussi ressemblants, interchangeables, rythmés seulement par le sommeil, le repos et le tapin.
Depuis, et cela fait 5 ans déjà, chaque journée est pareille en tous points à celle qui l’a précédée et à celle qui lui succèdera : je me réveille tard après m’être couchée à pas d’heure, une bonne partie de l’après-midi je trainasse en petite tenue quand il fait chaud, en peignoir quand il fait froid, dans ma chambre d’hôtel qui est mon home sweet home puis quand l’heure approche, une heure à laquelle les gens normaux regagnent bientôt leur logis, je m’installe à califourchon sur le bidet, je me vide deux ou trois poires à lavement dans le fion, j’en évacue tout ce qui fait la différence entre une vraie vulve de meuf et mon con de garçonne, je prends ma douche, je rectifie mon épilation, je m‘oins le corps et le visage de toutes sortes de crèmes, je coiffe mes beaux cheveux que je porte longs, je me maquille, je m’habille, bref je me fais belle et désirable en ne pensant qu’à ce qui va venir, c’est-à-dire, à ma prochaine nuit de prostitution.
Quand je suis enfin prête, c’est en général le moment ou Gégé, « l’assistant » de Monsieur Jeannot, apparaît dans ma chambre pour faire la compté de la veille et ramasser l’oseille de notre patron commun.
Si la recette est un peu trop maigre, je me fais engueuler et il arrive que je prenne au choix des baffes, des coups de ceinture et en prime, des coups de bite à me démonter le bassin. Mais quand je ramène une belle somme, Gégé me fout une paix royale. Parfois, il est vrai, il me donne quand même sa queue à sucer, "matte le beau sucre d'orge que j'ai acheté pour toi", parfois, il me prend aussi le cul "avec la croupe que t'as ça s'rait gâché de pas faire la pute" puis quand il a fini de se désemplir les burettes à l’intérieur de moi, il lâche ma tête, mes cheveux ou mes hanches, me claque le postérieur ou le visage, me fait astiquer son zob à coups de langue et de salive, remonte son falzar en me disant « Ciao pétasse, sois pas en r’tard si tu veux pas t’faire dérouiller par Abdou » et quand la porte de ma chambre se referme, je vais illico me brosser les dents ou je passe à nouveau sur le bidet pour nettoyer mon minou au savon, je m’enfonce bien les doigts dedans pour en faire sortir les mucosités blanchâtres et visqueuses que le gros braquemart de Gégé vient d’y laisser et quand je suis redevenue toute proprette, je m’essuie consciencieusement les fesses, je me vaporise un peu de Belle Opium dessus, je remets ma petite culotte de dentelle ou mon string, je vérifie ma tenue devant le miroir de l’armoire, je me peinturlure rapidement le visage et la bouche parce que j’ai laissé tout mon rouge à lèvres sur la tige de Gégé et je sors.

Dehors, dans la rue, des gens pressés de rentrer chez eux se croisent sans se regarder et parce que je me suis depuis le temps habituée à mon statut de pute, j’attends devant l’hôtel qu’apparaisse un taxi en ignorant superbement ou du moins en ne faisant plus du tout attention aux regards appuyés et interloqués des passantes qui s’interrogent sur mon identité sexuelle en jaugeant en connaisseuses ma tenue plutôt olé-olé et j’affronte sans broncher les œillades goguenardes ou concupiscentes des hommes qui, s’il n’y avait pas tant de monde autour de nous, me mettraient volontiers la main ou la pine au cul… Puis après avoir hélé un taximan en maraude, je m’engouffre à l’arrière du véhicule sans chercher à cacher, sous ma minijupe bien trop courte, la naissance de ma croupe et les frous-frous de ma lingerie de cochonne.
Je me fais déposer, avant 19h, aux abords de la Porte Dauphine, mon lieu de travail et je ne suis jamais en retard…
Une seule fois je l’ai été et de ce point de vue, Gégé a bien raison de me mettre en garde, car cette unique fois, Abdou m’a tellement dérouillée, tellement démonté la gueule à coups de gifles et de poings, tellement lacéré mon boule et mes cuisses à coups de cravache, tellement fait saigner l’anus en y enfonçant ses énormes doigts pleins d'ongles et de bagues et en me soulevant du sol que j’ai compris la leçon : le premier devoir d’une pute envers son mac, c’est d’être ponctuelle.

Parce que je ne m’appartiens plus vraiment, chaque soir, c’est ce même Abdou qui me place pour que je ne fasse pas concurrence aux autres putes, les petites travesties algériennes de Monsieur Jeannot et à toutes les autres filles, vraies ou fausses, qui turbinent pour d’autres macs. Et quand je suis à la bonne place, celle qu’Abdou m’a choisie, tantôt dans les contre-allées de l’Avenue Foch, tantôt sur l’Avenue de l’Amiral Bruix, tantôt à l’angle de Foch et de Bugeaud, tantôt Boulevard Flandrin ou en bordure du rond-point où déboulent en flux continu des centaines d’automobiles, de motos, de camions, de camionnettes, je commence aussitôt à rouler des hanches et du cul et à prendre des attitudes de fieffée salope follement avide de baise afin d’attirer les regards des chalands et d’être repérée du plus loin possible par les michetons qui passent en bagnole et doivent en voir en moi le fantasme le plus élémentaire de la femelle toujours consentante et toujours prête à satisfaire le désir de l’homme. … « 100 la pipe, 200 la totale »… Bientôt je grimpe dans ma première voiture sous le regard fouineur d’Abdou qui, après m’avoir vu embarquer pour déguster ma première asperge, prend le large et va faire un peu plus loin son boulot de gardien de pute.
Telle est ma vie depuis que je suis aux mains de Monsieur Jeannot.
Beaucoup de sommeil, peu de temps pour penser, encore moins de temps pour moi et puis des bites en veux-tu en voilà, des teubs, des queues, des chibres, des gros gourdins qui m’écartèlent la rosette et me font mal au ventre quand ils se plantent trop profondément en moi, des petits zizis que je ne sens même plus aller et venir à l’intérieur de mon troufignon, des turlutes, des pipes, des pompiers « vas-y ma suceuse, vas-y ma salope, continue comme ça ma pute, ma pétasse, ma chienne… ha ! t'es trop bonne ! t’arrête pas maintenant traînée ! ça vient ! t’aime ça la bite, hein ma cochonne ? »

Les soirs et les nuits se ressemblent comme deux gouttes de foutre et pourtant ce soir là, dans cette nuit du printemps 1985, je vais avoir une drôle de surprise.
Une bagnole s’arrête à ma hauteur, le mec se penche, baisse la vitre… Et là, mon cœur bondit littéralement dans ma poitrine, mon estomac fait un salto arrière, mon aorte se gonfle d’un flot de sang… Je viens de reconnaître Patrick G… « C’est combien ? »…
Dans mon autre vie, ma vie d'avant, Patrick a été mon meilleur ami : « 100 francs la pipe. 200 l’amour »…
Patrick, c’était le pote avec qui, de la quatrième à la terminale, j’ai fait les 400 coups, avec qui j’ai partagé les plus inextinguibles fous rires, avec qui j’ai fait mes plus beaux rêves et mes plus beaux voyages, avec qui j’ai passé mes meilleures vacances, celui avec qui j’ai fumé mon premier joint, pris ma première murge, avec qui je suis allé pour la première fois aux putes et avec qui, quand j'étais encore un mec, j’y suis souvent retournée en tirant à la courte paille pour savoir lequel de nous deux monterait lorsque nous n’avions pas assez d’argent pour nous payer deux passes…
5 ans ont passé mais je le reconnais tout de suite.
Lui n’a pas changé. Moi, énormément. Je ne suis plus du tout la même personne. Ni physiquement ni psychologiquement.
Il ouvre la portière côté passager : « c’est bon, monte… »
Je monte, je m’assois : « On va où ? » interroge-t-il
Je lui indique la direction à prendre, vers l’entrée du Bois de Boulogne.
Il ne parle pas et j’évite moi-aussi de le faire parce que j’ai peur qu’il reconnaisse ma voix.
Je suis à la fois terrifiée et heureuse. Terrifiée à l’idée qu’il me reconnaisse mais heureuse de le revoir.
Un torrent de souvenirs se bouscule dans ma tête et, au creux de ma poitrine, mon cœur s’emballe.
Nous longeons la Rue de Suresnes.
« Là, c’est bien… Gare-toi dès que tu peux… »
Il me tend 100 balles, ouvre largement sa braguette, sort sa nouille, me l’offre.
Bien que nous nous soyons fréquenté pendant des années, nous avions alors nos pudeurs et c’est la première fois que je vois la bite de mon meilleur pote… Quand je me penche pour l’accueillir dans ma bouche, j’identifie immédiatement l’odeur caractéristique de mon copain de toujours, une odeur de mâle assez forte mais assez délicieuse.
Ma poitrine se gonfle de bonheur et de tendresse quand je commence à le pomper… Je suis tellement heureuse de faire du bien à ce garçon avec qui j’ai partagé tant de choses et que j’ai tant aimé platoniquement…
Je m’applique. J’y mets de l’amour. Tout mon amour de femelle.
Je veux que cette fellation que je lui prodigue demeure inoubliable pour lui, je veux qu'elle reste dans ses souvenirs et qui sait, qu’il revienne me voir et pourquoi pas, que nous redevenions amis, que nous recommencions à nous fréquenter comme avant…
« Aaaah putain… C’est pas une bouche que t’as, c’est un aspirateur… »
Je veux me montrer gentille avec lui, expansive, ouverte… J’arrête de le sucer pendant quelques secondes pour lui souffler comme une nympho amoureuse : « Tu peux me doigter la chatte si ça t’excite… ».
Il ne se fait pas prier… Sa main droite s’égare un peu sur les courbes de mon derche, puis son geste se précise, son majeur cherche ma rondelle, la trouve. Je rectifie légèrement la position pour qu’il puisse s’y introduire et je gémis comme une vraie pucelle quand son doigt me pénètre et s'enfonce dans ma cramouille encore poisseuse du sperme des clients précédents.
Mais il ne me travaille pas très longtemps la chatte.
Je reçois son éjaculation sur la langue et le palais en vagissant avec délice et j’avale tout comme si son sexe était une fontaine de crème anglaise.
Je suis vraiment joyeuse, comblée, heureuse.
Lui aussi semble-t-il… « Bordel, ça fait du bien ! Heureusement que vous êtes là, vous les prostituées ! ».
Je lui réponds simplement « Merci pour les prostituées… »
« Non, c’est moi qui te remercie… Tu t’appelles comment ? »
« Mélina »
« Hé bin Mélina, tu suces comme une reine…» dit-il en tournant la clef de contact.
Le compliment me fait perdre toute prudence.
« Merci Patrick ».
Il se tourne vers moi, me regarde interloqué.
Dans ses yeux, je vois qu'il cherche.... "on se connait ?"
Et puis la révélation vient d’un coup.
Il est stupéfait.
Stupéfait et en colère.
Enragé, furax, haineux.
Son poing m’arrive directement en pleine gueule.
« Espèce d’enculé !».
Puis c’est une pluie de coups et une litanie d’insultes et de hurlements.
« CONNARD ! PÉDÉ ! »
Il se penche vers la portière, l’ouvre… « CASSE-TOI D’LÀ ENFOIRÉ ! »
Sa chaussure me frappe sous l’aisselle, je bascule dehors. « PÉDALE ! CASSE-TOI D’LÀ ! »
Je reprends sa semelle dans le visage, je m’affale sur le trottoir, mon coude heurte le sol….
Ma bouche saigne, mes bas sont déchirés, mon coude me lance.
La portière claque.
La voiture démarre.
Comme une vague géante, mortelle, une tristesse insurmontable me submerge.
Ma gorge se serre.
Recroquevillée sur le bitume peu hospitalier, je pleure de douleur et de désillusion.
1 年 前
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ropaul45
ropaul45 7 月 前
tristesse !!!!!
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sandratvtg 1 年 前
Je sais par expérience que les meilleurs pipes se sont toujours les trans et travestis qui les font. Leurs consœurs biologiques sont moins doués pour cette pratique.
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lapetitesoumise
lapetitesoumise 出版商 1 年 前
chouksam : oui, il y a des gens comme toi qui prennent parti pour le bourreau plutôt que pour la victime... le monde est ainsi fait
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chouksam 1 年 前
je comprends tres bien sa colere
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lapetitesoumise
lapetitesoumise 出版商 1 年 前
Monypeni : Thank you for taking the time to read... apparently you know what I’m talking about... selling love is sometimes reaping hate
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Monypeni
Monypeni 1 年 前
Not easy... But so right. Kisses my sister. 
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lapetitesoumise
lapetitesoumise 出版商 1 年 前
cauet6080 : Merci d'avoir lu et apprécié... Je ne regrette rien
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cauet6080
cauet6080 1 年 前
Beau recit bien triste pour toi 
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lapetitesoumise
lapetitesoumise 出版商 1 年 前
nostromo2 : je te remercie
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nostromo2
nostromo2 1 年 前
Un indéniable talent littéraire !
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juolessx
juolessx 1 年 前
Thankyou for telling your story so beautifully, and despite everything you are devoted to prostitution, your a remarkable whore, im so inspired by all of you jox 
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COYOTTE17 1 年 前
lapetitesoumise : dure métier mais nécessaire
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lapetitesoumise
lapetitesoumise 出版商 1 年 前
COYOTTE17 : une vie de pute c'est plus souvent sexe et violence qu'amour et romance
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COYOTTE17 1 年 前
dommage cette violence sur toi.
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lapetitesoumise
lapetitesoumise 出版商 1 年 前
Carmadyx : Merci d'avoir lu et merci pour ton appréciation
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Carmadyx
Carmadyx 1 年 前
Bonne histoire 
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